Bon alors, du 4 en 1, mais 2 reviews plus détaillées des des deux meilleurs concerts, les plus intéressants aussi :
Bob Log III @ La Cave aux Poètes (Roubaix, FR) 16/04/08
Bob Log III, pour ceux qui ne connaitraient pas encore ce personnage aussi bizarre que culte, est un one-man band de blues. Bob Log y joue en effet seul, de la « batterie » avec les pieds, de la guitare avec les mains, le tout, un casque de moto avec téléphone incrusté dedans pour chanter… Visuellement donc, assez original, d’autant que ses chansons sont souvent bourrées d’humour, certes pas bien fin, mais toujours efficace.
C’était cependant Dylan Municipal, un groupe de la métropole Lilloise qui ouvraient pour lui. Une formation portée aux nues par une certaine presse régionale… on se demande cependant encore si des mecs qui jouent en lisant des pages du bouquin de Francis Lalanne sur scène, qui jouent avec un camion de pompier ou dont les paroles se résument à « le cœur sur la main, le cul sur la main » et autres traits brillants peuvent vraiment intéresser qui que ce soit sans que ce ne fut du simple snobisme bobo qui permette à leurs fameux fans de se sentir des gens spéciaux, et surtout incompris… Mais même musicalement les riffs du guitariste ne sauvent pas la baraque et les blagues lourdingues du chanteur ne donnent même pas l’illusion d’un cache-misère à la pauvreté du répertoire du duo… Bref, je ne vais pas m’attarder plus longtemps, ça n’en vaut vraiment pas la peine.
La cave aux poètes est une salle vraiment bien, sauf quand il y a beaucoup de monde comme ce soir, étant donné qu’il s’agit comme son nom l’indique, d’une cave et que la scène est au même niveau que l’audience… ce qui fait que même pour des gens de taille raisonnable comme moi, il est pratiquement impossible de voir tout ce qui s’y passe si on n’est pas dans les deux premiers rangs. Et pour un véritable show visuel comme celui de Bob Log III c’est un peu handicapant. Bon alors c’est pas si grave, je me console en me disant que c’est à peu près la quatrième fois que je vois l’américain et qu’en plus de toute manière, c’est un peu le motörhead du blues : il joue « le même morceau » d’un bout à l’autre.
Bob Log se pointe donc sur scène, toujours aussi fun qu’à son habitude, toujours les blagues, toujours trippant, toujours le show à l’américaine dans son accoutrement mythique. Et ce dont on ne se lasse jamais dans un concert de Bob Log III, c’est évidemment son jeu de guitare assez exceptionnel. La légende dit qu’il se serait fait greffer une patte de singe pour jouer plus vite, c’est à peu près ce qu’on ressent quand on le voit jouer. Accords impossibles, changements de rythmes hallucinants, Bob Log nous met les petits plats dans les grands en toute simplicité et surtout en toute décontraction, nous jouant son nouvel album en quasi intégralité, morceau après morceau comme il aime les présenter. On distingue ici et là quelques tubes qui ont fait sa renommée, notamment issus de l’album culte « School Bus », avec un « Boob Scotch » qui reste toujours dans la tête pendant au moins 3 jours après qu’on l’ait écouté. Bob termine un set d’une longueur plus que respectable (les premières fois où je l’ai vu sur scène c’était plutôt très court), s’en va jouer sur dans la salle un peu, un petit tour et puis revient, ce qui donne l’occasion à tout le monde d’admirer ses belles petites moustaches d’américain à travers la visière de son casque.
Un rappel court, dans la lignée du set et Bob Log s’en va comme il était venu, en jouant de la guitare.
Bonne soirée donc, et le moins que l’on puisse dire c’est que ce soir, il y avait plus qu’un océan entre les deux groupes….
Antibalas @ De Kreun (Kortrijk, BE) 18/04/08
Très rapidement, il s’agit d’un groupe jazz venu de New York, ils sont une quinzaine sur scène. Il y a beaucoup d’influences dans leur musique : le jazz, parfois le klezmer, ou des musiques plus tribales. Une belle prestation avec toutefois quelques longueurs ici et là.
Human Bell + Old Time Relijun @ De Kreun (Kortrijk, BE) 19/04/08
Alors qu’on ne présente plus la musique métissée (folk/post-rock etc…) de Human Bell, Old Time Relijun est un des groupes les plus “en vogue” du moment. Avec ce petit côté Captain Beefheart (pas trop étonnant vu leur nom, visiblement pioché dans un des morceaux les plus cultes du Captain « Moonlight on Vermont », titre qui, pour l’anecdote, me réveille tous les matins) un très bon set, qui ne fait que confirmer qu’on a raison de parler d’eux (pas toujours évident avec les groupes issus de la hype…) Human Bell, eux, ont livré une prestation très bonne, haute en sensations et en relief. Bon trip.
Ruby Throat @ Café de la Danse (Paris, FR) 21/04/08
Alors on va passer très rapidement sur la première partie, d’autant qu’il y en avait théoriquement deux, dont school of language et au final il n’y en a eu qu’une et je n’ai pas pu savoir quel groupe avait finalement joué. Ce fut par ailleurs très anecdotique, une sorte de Coldplay avec un mec qui imite Ian Curtis… assez moche donc, beaucoup de piano et puis un dvd qui diffuse à la fois tous les autres instruments et des vidéos assez cheaps… Il y avait aussi un bassiste mais on ne sait pas trop à quoi il servait car il jouait, la plupart du temps, les mêmes parties que sur le dvd, et en plus on ne l’entendait presque pas…
Bref, petite frayeur lorsque j’apprends pendant le changement de plateau que Katie Jane Garside, habituellement héroïne de Queen Adreena et donc, membre du duo Ruby Throat aux côtés du guitariste Chris Wittingham, s’est plainte de sa voix dans l’après-midi. Au vu de l’album assez somptueux et très axé sur la voix de Katie Jane, on comprend bien mon inquiétude je pense.
L’équipe technique installe donc le matériel du groupe : le micro de Katie Jane, et puis les 3 guitares (une électrique, une electro-acoustique et une slide) et les pédales d’effets de Chris, si mes souvenirs sont bons il a aussi joué sur un ampli Fender, je me rappelle plus trop. Et puis aussi, il y a tout le décor de scène à installer : un fauteuil de cuir, une petite table en bois, un lampadaire, des miroirs, des bougies, et puis la fameuse chaise blanche en fer de Katie Jane, qui a elle aussi fait le voyage comme à l’accoutumée.
Chris est le premier sur scène, il commence par looper quelques riffs sur sa stratocaster, et il est ensuite rejoint par une Katie Jane visiblement heureuse d’être là, grand sourire, petite théière et tasse à la main, sans doute pour soigner sa voix au fur et à mesure du concert. Contrairement au concert à Radio France avec Hector Zazou, elle a repris son accoutrement de scène habituel, où elle ressemble plus que jamais à une sorte d’apparition féérique avec sa robe déchirée et ses fleurs dans les cheveux.
Le premier morceau débute donc, et on est tout de suite soufflés par la voix époustouflante de Katie Jane, servie sans nul doute également par un son assez exceptionnel dans la salle. Quelques frissons plus loin, le groupe entame son « tube », déjà en écoute sur le myspace depuis un bail : « House of the thieves », le public, visiblement averti, reconnait instantanément et pousse un cri de joie.
Les morceaux s’enchainent, Katie Jane reste relativement sobre dans son jeu de scène, sans doute pour se concentrer sur les paroles (il y en a beaucoup plus que sur ses autres disques) et pour soigner sa prestation vocale, et on doit dire que ça convient parfaitement à ce set dépouillé, et même minimaliste. Il y a une sorte d’ambiance intime dans ce show, sûrement alimentée par le décor de scène qui fait qu’on s’imagine aisément, dans une maison, tous assis tranquillement à écouter Katie Jane et Chris nous jouer des morceaux lors d’une soirée, au coin du feu... bon certes, je m’égare et ça a l’air cliché comme ça, mais cette impression d’intimité a vraiment été très forte et le concert a été fait de petits riens qui faisaient tout. Il manquait ici et là un petit coup de basse, des percussions ou même juste un tambourin, mais ce ne fut pas vraiment un obstacle pour apprécier le concert.
Le groupe enchaine l’album dans son intégralité (ou presque ?) et nous gratifie même d’une reprise de Pretty Polly (morceau traditionnel lui aussi joué par Queen Adreena), en acoustique, version assez magistrale, jusqu’à ce que Chris mette de la disto sur son electro-acoustique pour la fin, et là je dois dire que ce fut assez dégueulasse, mais bon ça n’a pas suffit à gâcher le début du titre.
Après quelques passages carrément plus noisy, le groupe s’éclipse dans un dernier chuchotement folk très mélodique. Le public, unanime et contemplatif en veut plus, ils reviennent donc sur scène, apparemment assez surpris d’avoir à faire un encore ! Katie Jane nous disant même qu’ils ne savaient plus trop quoi jouer « Well this is the end of our repertoire ! » s’exclame-t-elle, pour finir elle annonce un morceau dont je n’ai pas retenu le titre, dans la lignée des précédents, et après nous avoir salués, ils s’en vont se reposer en loge, pour de bon cette fois.
Prestation assez incroyable donc, d’un groupe dont on attendait peut-être finalement pas tant. Katie Jane nous a véritablement transcendé malgré les conditions qu’on connait. Elle avait aussi l’air très heureuse et affichait un sourire pratiquement de bout en bout, affirmant même au public, être très contente d’être ici.
En clair, ce projet parallèle de la Reine Adreena a un réel potentiel, et on imagine assez facilement après ce concert, les directions très intéressantes (et multiples) qu’il pourrait prendre. Une affaire à suivre de très très près donc. Et pour rester dans l’actualité, il n’y a plus qu’à attendre la prochaine venue de Katie Jane à Paris, dans 2 semaines, mais avec Queen Adreena cette fois.
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